La pénibilité est un sujet qui est régulièrement traité à Météo France, mais souvent sans suite.
Il y a bien des raisons d'instruire ce sujet, notamment les nuits qui sont effectués dans les services opérationnels (prévisions ou observation - pour Roissy par ex. -). Ceux qui sont confrontés au travail de nuit en connaissent l'impact sur les organismes - tant féminins que masculins -, notamment avec le rythme en 2 *12h15, rythme de travail qui plus est "atypique" et irrégulier, journées entières, nuits, de semaine ou de weekend et jours fériés. Les rythmes biologiques sont malmenés pour les circadiens que nous sommes. Sans compter les impacts sur la vie familiale, sociale, associative,soit des impacts plus psychologiques, etc...
Nous sommes en 2025. Le premier véritable rapport sur le sujet avait été élaboré en 2006 par le docteur Kalfon. Il pointait la pénibilité des nuits et précisait que, notamment pour les femmes, les cancers du sein étaient en nombre supérieur à la moyenne nationale en raison de l'exposition à ce travail en rythmes irréguliers. Ce rapport n’avait pas fait mouche auprès du gouvernement, c'est pourquoi fin 2013, une nouvelle version, une mise à jour, avait été envoyée vers la direction générale de la fonction publique (DGAFP). Cette mise à jour effectuée par le docteur Montchalin était aussi restée sans réponse.
Fin août 2023, la PDG a signé un courrier vers la même directrice générale de la fonction publique, en donnant des indications sur les effectifs concernés à Météo France, et qui se concluait par le souhait « d’obtenir des précisions, quant aux critères de pénibilité, susceptibles d’être pris en considération ». Météo France proposait alors de rencontrer la DGFP, en septembre (... 2023). Las, cette missive est aussi restée sans réponse, nous a indiqué la DRH ce 10 février 2025.
L’absence de réponse ne peut que nous encourager à insister auprès de la direction, et c’est ce qui a été fait par les organisations syndicales en 2024 pour aboutir à cette réunion sur la pénibilité.
La DRH propose une nouvelle méthode : que l’on prenne notre temps pour monter un dossier précis, détaillé, très étayé, afin de saisir une nouvelle fois la direction générale de la fonction publique. Ce changement de méthode consiste à décrire au plus près du terrain la pénibilité au quotidien. On rappelle que dans "le privé", les salariés peuvent faire valoir des facteurs d'exposition (cf. détails ici où l'on note le 30 nuits pour les équipes successives alternantes avec des nuits).
Il s’agit de construire un dossier de saisine en déclinant les critères de pénibilité et en les étudiant au plus près des équipes, à la prévision notamment mais pas seulement. Il y a les nuits qui sont reconnues comme facteur d'exposition dans le privé, mais d'autres facteurs peuvent être regardés, comme l’exposition aux événements météorologiques (pour ce qui est des agents en maintenance par exemple). Aller sur le terrain va permettre de mieux comprendre et d'être plus précis que précédemment.
Un rapport sera fait à notre groupe de travail qui se transforme en un comité de pilotage sur le sujet.
La durée de ses études va couvrir toute l’année 2025 pour un rapport qui serait fourni début 2026. Nous indiquons que cela nous paraît assez tardif. La DRH indique qu'il est nécessaire de prendre son temps. L’assistant de prévention de l’établissement va conduire les observations avec les assistants de prévention locaux ainsi qu’avec les responsables de service.
La DRH a fait part de son scepticisme pour ce qui concerne le « service actif ». De quoi s'agit-il ? d'un décret de 1954 qui décrit les corps de fonctionnaires qui bénéficient d'un régime spécial de retraite selon leurs expositions aux risques. Ils peuvent alors partir en retraite de manière anticipée (à 57 ou 59 ans). C’est malgré tout l’objectif premier de ce groupe de travail et toutes les organisations syndicales conviennent qu'il faut essayer de l'atteindre. Les études faites in situ ne seront de toute façon pas inutiles car elles vont permettre d’objectiver les pénibilités que l’on rencontre sur le terrain (nombre de nuits annuel, etc.).
En revanche, petite déception, la DRH indique travailler uniquement sur les corps propres à l'Etablissement (TSM et ITM). Les ouvriers d’État qui sont à la maintenance ou à la gestion de certains sites et qui opèrent la nuit (pour ceux de Toulouse par ex.) ne font pas partie du périmètre du rapport qui sera fourni. En effet, ces agents sont suivis par la DGAC.
La CFDT-Météo voit un intérêt à cette nouvelle démarche, même si nous trouvons que la durée envisagée est aussi bien un point fort qu’un point de faiblesse car cela signifie qu’il n’y aura aucune avancée pendant au moins un an.
La CFDT-Météo va pleinement participer à ce comité de pilotage, sa prochaine réunion est prévue courant juin.